Avant de faire des bijoux, s’il y a bien un endroit où je ne pensais pas me retrouver, c’est chez un doreur…
En plein cœur de Paris, une devanture bleue unie, sans inscription aucune, on passe la porte et c’est tout un univers que l’on découvre.

Une odeur improbable, une atmosphère, des gens… un décor de cinéma ! J’y vais maintenant quasiment toutes les semaines au minimum et c’est toujours avec plaisir. Au début, je déposais mes bijoux sans bien comprendre et je les récupérais quelques jours plus tard sans savoir vraiment ce qu’il s’était passé… et puis au fil du temps on commence à croiser d’autres personnes qui, elles aussi, viennent régulièrement… on sympathise tranquillement avec les petites mains qui font l’accueil. Je dis petites mains parce qu’elles accrochent sur des fils les objets à dorer et je vous jure qu’il faut de la patience et de la dextérité pour le faire All day ! tout en recevant les clients et en gérant leur stress d’une production pour les défilés, les salons ou les fêtes de Noël…

On comprend peu à peu les différentes teintes possibles (cela va de toutes les nuances d’or mais aussi de cuivres, les vieux cuivres, le laiton, l’argent, le vieil argent… ) On entend crier son nom « Elles en sont où les étoiles des Yeux d’Elsa* à faire en N14 ? (référence de l’or de la collection) ! On rencontre le chef d’atelier à qui on demande conseil pour la prochaine collection et puis on croise le patron, personnage fort sympathique qui prend quelques minutes pour vous refiler l’adresse d’un atelier à connaitre… Un jour, j’ai demandé à visiter… et je suis passé derrière le rideau ! émerveillement de petite fille !

Sous mes yeux des anneaux, des fermoirs, des kilomètres de chaîne, des objets impossibles à identifier, des poignées de portes pour un palais princier, de vieilles horloges, des médailles… la liste est sans fin ! Tous suspendus, eux aussi, à des fils de métal sur de drôles de crochets… des ouvriers en blouses qui s’affairent au dessus de bacs remplis de liquides fumants, plus ou moins chauds , de couleurs indescriptibles… avec ces mêmes crochets qui font des allers et retours, qui changent de bain, qui rentrent qui sortent, qui rentrent à nouveau dans les bacs, puis qui ressortent, enfin et finissent au séchage…  un manège tout à fait maîtrisé par ces doreurs affairés. Et à nouveau ces nombreuses petites mains qui décrochent les objets désormais couverts d’or et préparent méticuleusement les paquets pour les clients toujours pressés… Expérience unique !

Fabriquer des bijoux ce n’est pas simplement acheter sa marchandise et fabriquer les pièces dans son coin. C’est aussi rencontrer des mondes, des univers inconnus. La joaillerie et la fabrication de bijoux, même fantaisie, est l’un des plus vieux métiers du monde. Aujourd’hui je commence à avoir quelques repères mais je sais que je ne suis pas au bout de mes découvertes, loin de là ! et j’adore ça !